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Interview d'Olivier PAGE, le globe trotter business !

Olivier Page est un journaliste-écrivain  rédacteur au Guide du Routard qui l’amène à voyager 6 fois par an et auteur de littérature  voyageuse qui l’a mené en Patagonie Chilienne dont le livre est paru en Octobre dernier  (« Les terres de Décembre- voyage en Patagonie chilienne » aux Editions Lucien Soumy)  et qui devrait l’amener au Vietnam sur la Route Mandarine pour un livre qui paraîtra fin 2019.  Un voyageur dans l’âme qui vit quotidiennement cette  passion, et fait un métier d’aventure plein de surprises, de rencontres, ce qui ne l’empêche pas son voyage d’être hyper organisé et bien préparé.

Habitant le Plateau, il s’est installé dans un petit cocon tout à fait idéal pour un journaliste-écrivain au coeur du Vieux Vanves, à deux pas du parc F. Pic. Un très petit studio situé dans un ancien motel des années 50 transformé en logement, dont les murs sont pratiquement tous occupés par des étagères remplis de livres et surtout  ses carnets de voyages. Des grands cahiers d’écoliers – un par pays et voyage -  qu’il garde depuis une quinzaine d’années , où il accumule toute la documentation (cartes de visite, notes manuscrites, prospectus).  

Il était intéressant de donner la parole à ce vanvéen durant ce week-end où une bonne partie des habitants de notre ville sont partis ou vont bientôt le faire vers des contrées proches ou lointaines.

LE RÉDACTEUR DU GUIDE DU ROUTARD DE LA BULGARIE AU JAPON

LBV - Pourquoi cette passion du voyage ?

Olivier Page : « Est-ce que les passions s’expliquent ? Je n’en sais rien. Depuis que je suis adolescent, j’ai cette passion du voyage et je voyage par curiosité, pour les autres pays, et par envie de découvrir les autres cultures. Le monde est pour moi quelque chose d’extrêmement curieux à explorer et à observer. J’ai commencé à 15 ans en faisant un voyage  - sûrement initiatique - autour de la France en mobylette (7000 km)  alors que j’habitais en Bretagne où j’ai vécu mes 18 premières années puisque je suis originaire de Saint Malo. Je pense avoir dans mes gênes, celui du voyage. Je l’ai certainement hérité, mais c’est le mystére de la vie. Jusqu’à 20/25 ans j’en ai fait d’autres, en me posant la question de mon avenir professionnel, après avoir fait quelques études. Instinctivement et naturellement, j’ai été amené à chercher chose dans le monde du voyage. De fil en aiguille, je suis devenu journaliste,  j’ai voyagé à travers le monde pour « Géo » dans les années 90, et j’avais un pied dans l’édition  puisque je travaillais – et c’est toujours le cas – pour les guides de voyage : Au départ, ce fut la maison Hachette, puis le  Guide du Routard où je suis rédacteur depuis 20 ans.     

LBV - Comment devient on rédacteur dans ce guide « mythique » ?

O.P. : « Au fil du temps, ce guide est devenu une institution, un label de qualité, qui répond à cette question : Comment peut on voyager à travers le monde avec de petits moyens. C’est le voyage économique et en liberté. Cette idée me plaisaient énormément. J’ai rencontré Philippe GLOAGUEN, fondateur-directeur du Guide du Routard dans les couloirs d’Hachette en 1985. Deux ans après, il m’a proposé de voyager pour le guide. Je venais donc du journalisme, avec l’habitude d’écrire, donc j’avais les aptitudes qu’il fallait pour ce média écrit, sans photos à quelques exceptions prés. Mais il fallait partir sur le terrain faire ses preuves. J’ai commencé par la Bulgarie en 1990 et on peut dire que j’ai créé le chapitre Bulgarie du Guide du Routard consacré aux pays de l’Est. Mon travail a plu… et c’est ainsi que j’ai pu être embauché.

Il n’empêche que j’ai été assez surpris au début, car je ne savais pas à quoi cela correspondait : Qu’est-ce qu’être un journaliste, un rédacteur  du Guide du Routard ? On en revient toujours aux mêmes choses : aimer voyager, la vie nomade. Je pars 120 jours par an en moyenne, depuis 20 ans, et j’ai visité 60 à 70 pays. C’est un métier qui se fait avec passion, mais très organisée parce que cela demande beaucoup de méthodes, de rigueur intellectuelle sur le terrain et au moment d’écrire, beaucoup de curiosités. Il faut aller vers la nouveauté, chercher, fouiller et avoir le contact avec les gens, ce qui est important lorsqu’on voyage.   

LBV - Qu’est-ce que cela implique lorsque vous travaillez pour le Guide du Routard ?

O.P. : « Ce guide est très pratique, en donnant des renseignements pratiques, au service des lecteurs et des voyageurs qui nous lisent – 1,7 millions exemplaires chaque année – et qui partent avec. Nous avons envers eu une grande responsabilité, car nous ne pouvons pas nous tromper. Nous devons avoir des informations justes, précises, exactes,… pas toutes car c’est impossible, mais une sélection

LBV – Quelles informations privilégiez-vous ?

O.P. : «  70% sont des informations pratiques : les hôtels, les restaurants, les cafés, les tarifs, les lieux, les ambiances… que nous testons bien sûr. Mais nous nous appuyons sur un réseau d’informateurs, de contacts dans tous les pays du monde, qui font les premiers balayages en faisant remonter les informations que nous vérifions sur place. C’est un travail très physique, car je marche beaucoup dans les villes, je loue des voitures, je me déplace en train, je prends des guides ou des interprêtes dans les pays pour lesquels je ne parle pas la langue, même si je me débrouille en vietnamien, chinois, japonais… et que je parle anglais, espagnol, car il faut les maîtriser pour faire ce métier.

LBV – Qu’avez-vous fait pour le Guide du Routard depuis le chapitre sur la Bulgarie ?

O.P. : «  Mes coups de cœur et mes affinités sont plutôt l’Asie et l’Amérique Latine. Je vais 2 fois par an en Amérique Latine et 1 ou à 2 fois par an en Asie, notamment au Vietnam, au Japon, en Chine, 3 pays qui me fascine.  Et nous venons de publier au printemps dernier le guide du Routard sur le Japon. Occasion de détruire beaucoup d’idées fausses et surtout de démontrer que voyager et visiter le Japon peut se faire à des prix économiques et raisonnables.

LBV – L’écriture et le travail en amont ne sont ils pas différents pour un livre de voyage comme ce fut le cas pour « Les terres de Décembre, voyage en Patagonie chilienne » que pour un guide de voyage ?

O.P. : «  C’est une autre démarche, beaucoup plus personnel, dans ce sens que je n’ai pas de conseils à donner à personne. Ce sont plutôt les gens qui viennent vers moi et qui me donnent des conseils. Et les gens que je rencontre sont souvent étonnants. Dans ce livre qui est sorti en Octobre 2007, c’est aussi une passion pour le voyage et l’écriture, mais c’est une manière de décliner, avec un autre style plus personnel, plus littéraire, que je ne peux pas faire dans les colonnes du Guide du Routards qui est beaucoup plus contraignant. J’ai trouvé un espace de liberté dans la littérature voyageuse qui me permet d’aller vers ses rencontres, vers ces personnes qui vivent dans ces pays, en sachant surtout les écouter. Et c’est le plus important, car les musées, les bars, les cafés, les restaurants… c’est pour le Guide. L’aspect humain, c’est pour le livre, avec ses rencontres préparées longtemps à l’avance, mais aussi fortuites et inattendues dans les bus, sur les chemins de montagne, dans les bars… qui font la saveur d’un voyage. Ce qui n’empêche pas que je l’ai préparé durant 9 mois.   Grâce à ce récit, j’ai pu partir deux mois durant l’été austral au Chili. Ce qui est un énorme bonheur pour un journaliste-écrivain-voyageur. Et le livre le montre bien.

LBV – N’est-ce pas la Patagonie la moins connue et courue des français ? 

O.P. : « Tout à fait, car c’est la partie en Argentine qui est la plus connue auprès du  grand public, la plus médiatisée, parce qu’elle est la moins rude, la plus accessible géographiquement parlant : Des grandes pampas à l’infini qui se terminent par la Terre de Feu, un autre lieu mythique avec le Cap Horn, Ushuaia. Et il existe une littérature très bien faîte sur cette partie là. En revanche, l’autre partie (chilienne) de la Patagonie est méconnue. Et ce qui m’a attiré, c’est l’attrait de l’inconnu, car un journaliste-écrivain se doit d’aller là où les autres ne vont pas, sur des terres nouvelles. Et il n’y a pas beaucoup de littérature sur cette Patagonie Chilienne, à part des auteurs chiliens. Ensuite, je voulais suivre une route, pour ne pas aller à l’aveuglette, parler de cette route comme un fil conducteur, raconter son histoire, les gens qui vivent le long de celle-ci.

J’ai ainsi suivit la Carretera australe seul et une grande partie à pied. Une des routes les plus sauvages et les plus belles d’Amérique Latine, mais aussi une des plus méconnue. Elle longe sur 1200 km l’océan pacifique et la cordillère des Andes sur une bande étroite de terre avec toute une série de montagnes très hautes qui descendent dans la mer, des volcans souvent sous la glace et la neige et qui explosent de temps en temps. Il ne faut pas oublier que nous sommes sur la ceinture de feu du Pacifique, avec des séismes, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques. Je voulais voir cette nature très forte et très puissante, sans trop m’éloigner de la mer, parce que je suis né au bord de la mer et que j’aime le monde maritime, avec son climat océanique dans ce pays, parfois très rude, avec des records de vent (les 45éme rugissants), des pluies terribles… Ce qui fait la différence avec la Patagonie argentine car la Cordillère des Andes la protège de tout cela, cette partie là étant plus sec, plus aride, plus venteux mais avec un climat beaucoup plus clément.  Je n’ai pas eu peur d’affronter cette réalité, car je voulais la voir de près

 LBV – Que préparez-vous maintenant comme livre ?

O.P. : « Je rentre d’Ukraine où j’ai passé dix jours. J’ai écris un reportage qui sera mis en ligne le 1er Septembre sur le site internet du Routard : Routard.com. L’Ukraine est véritablement une découverte, pays où je rêvais d’aller, pour me promener à Kiev, Odessa… Un pays difficile car nous avons eu plein d’incidents de parcours, vols, valises ouvertes, arnaques avec les bus, taxis frauduleux…Mais un voyage où il n’arrive rien, ce n’est pas un voyage, ni un critère de jugement sur un pays. Je pars ce week-end en Espagne pour le Routard en Asturie et en Cantabrie qui sont des régions situées au nord. Et je passerais mes vacances au Vietnam, justement pour préparer mon prochain livre sur la « route mandarine » : 2300 km du Nord au Sud. Une route historique. Le livre devrait sortir en 2009 et devrait s’intituler : « J’ai marché sur la route mandarine ».    

LBV – Durant cette période estivale, pour ceux qui ont envie de voyager,  quels sont  les conseils que vous pouvez leur donner ?

O.P. : « Je pense qu’il faut bien préparer son voyage, lire, bien se renseigner, définir ce que l’on a envie de voir, car il faut s’intéresser à ce que l’on va aller voir, à la culture du pays, en ayant une approche respectueuse, en laissant derrière soi quelques préjugés sur les peuples, les couleurs de peau etc…Et c’est exactement ce que je fais. Et il faut être disponible pour découvrir un pays. Mais un voyage n’est pas facile, car il arrive des choses imprévues, désagréables ou agréables. Dés lors que l’être humain  sort de sa vie sédentaire, les risques sont beaucoup plus importants, pas nécessairement mauvais, mais aventureux, car un voyage c’est l’aventure, où l’homme retrouve son instinct nomade qui est dans nous depuis l’homme préhistorique. Lorsqu’on part en voyage, il y a ce grand bonheur de retrouver cette vie nomade, de changer d’hôtels, de se déplacer, de ne pas se fixer….C’est une thérapie excellente, quelque chose d’extrêmement salutaire.  C’est pour cela que j’ai adopté ce mode de vie, de semi-nomade, semi-sédentaire. C’est bon pour le corps, pour l’esprit, le mental… car le voyage vous fait sortir de ce que vous êtes habituellement,  fait oublier ses propres problèmes, et nous fait confronter une réalité forte avec des rencontres qui peuvent transformer votre vie. Plus concrétement, quelqu’un qui part, en voyage que ce soit proche ou lointain, doit s’informer et se laisser guider par son désir de voir plutôt un musée, visiter un temple ou une église. Il faut se laisser porter par son désir,  son envie, sa curiosité….pour  revenir différent. C’est une excellente école. 

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