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Le Pigeon en ville : une écologie de la réconciliation ?

A ces satanés pigeons ! Pas un seul parisiens ne râlent pas, un jour,  contre ses sales bestioles. Surtout lorsqu’un voisin les nourrit. Il est vrai que la présence des pigeons bisets en ville est perçue de manière controversée par les citadins. Un nombre important de plaintes dans certains lieux pousse certaines collectivités à éliminer les pigeons jugées en surnombre.

Mais cette pratique est remise en cause sur des critères sociétaux (acceptation de la méthode) et biologiques (efficacité à court et moyen terme).  Afin de gérer les pigeons et de contrôler leurs effectifs, une grande partie des collectivités franciliennes s'appuie sur les  pigeonniers publics et limite le nourrissage des oiseaux. Les pouvoirs publics adoptent ce système avec la volonté de proposer une solution respectueuse du bien être des citadins et des animaux en trouvant un repulsif pour pigeons. Des chercheurs et des associations ont créé, en 2006,  un groupe de travail pour aider les politiques à construire des méthodes de gestion durable du pigeon dans la ville. Il vient de faire connaître les premières avancées de son travail  

Les effectifs de pigeons dépendent à la fois de paramètres biologiques et sociaux : ils varient directement avec les taux de mortalité et de reproduction, ou encore le déplacement des individus ; ces paramètres dépendent eux-mêmes des ressources alimentaires, des relations entre les pigeons, leurs prédateurs et leurs parasites, ou de la présence de sites de reproduction. Mais les effectifs de pigeons dépendent également des modes de gestion ou des rapports que les citadins entretiennent avec ces oiseaux. A l'inverse des autres espèces urbaines, le pigeon est inclassable : Il peut être issu de pigeons domestiques élevés entre autres pour la viande (domestique utile), il peut actuellement encore nicher sur des balcons et entrer dans l'espace privé des citadins. Dans un parc  et en petit nombre, il peut agrémenter une promenade, mais en  grand nombre sur les trottoirs, il prend la place des piétons et devient source de nuisance. Cet aspect inclassable du pigeon le rend difficile à cerner, il est source d'incompréhension pour les citadins que nous sommes. C'est ce qui peut expliquer les passions qu'il déchaîne parfois.

Des études génétiques à l'échelle de l'Ile-de-France ont indiqué une absence de structuration génétique entre groupes de pigeons échantillonnés. Ce résultat indique que, à chaque génération, au moins un pigeon ne se reproduit pas près de son lieu de naissance. Les pigeons sont capables de disperser à l'échelle de l'Ile de  France. Pourtant, les adultes semblent très fidèles à leur site de vie (un pigeonnier).  Les mouvements de dispersion concernent peut-être les jeunes.

Ce résultat permet de comprendre l'échec de certaines mesures d'éradication locale des pigeons. « Nous confirmons que la disparition des pigeons à un endroit donné peut être suivie par la recolonisation du site par des pigeons alentour. Pour intéressant qu'il soit en terme de gestion, ce résultat ne nous renseigne pas sur les mouvements éventuels de pigeons au jour le jour » indiquent ses chercheurs. « Afin de visualiser les mouvements des pigeons à court terme, nous prévoyons de lancer une  grande opération de science participative impliquant les franciliens.  Après une grande campagne de baguage individuel de pigeons, nous proposerons aux  citadins de nous informer de la présence éventuelle de pigeons bagués, sur un site Internet dédié. Les données de cette grande campagne seront analysées, puis les résultats restitués aux franciliens lors de campagnes de communication » annoncent ils. Une initiative intéressante car il ne faut pas oublier que dans dix ans, 80% de la population française sera urbaine. « A l'aube du XXIéme siècle, comprendre comment intégrer la nature en ville est un enjeu majeur pour les politiques publiques. Dans le cadre de ce programme, nous proposons d'utiliser le pigeon urbain comme exemple de nature urbaine de proximité, avec l'espoir que ce que nous trouverons sur le pigeon puisse être utile aussi plus largement ». 

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